La compassion et l’assistance à l’autre est une valeur qu’on applaudit de par le monde, car elle traduit un état d’esprit basé sur une éthique d’aide et de considération de l’autre au sens pluriel du terme. mais bien souvent et surtout dans des contextes culturels comme le nôtre au Maroc, que la noblesse de l’intention ne produit toujours pas l’effet positif souhaité. En clair et surtout dans le domaine de la santé, nous avons tendance à « s’inspirer » de l’expérience de l’autre comme référence pour notre propre état et nous nous laissons tenter par copier le traitement suivi par l’autre, tant qu’il a été réussi. Raisonner par analogie, nous rappelle les scientifiques, est académiquement réfutable et les résultats convoités risquent de ne pas suivre.

C’est le constat que les médecins à domicile de SOS Médecins casablanca déplorent au sein de la communauté de Casablanca et sur tout le Maroc et se réjouissent de vous en donner une idée très sommaire sur ce phénomène qui ne cesse de s’amplifier, au détriment de la santé et du bien-être des personnes.

C’EST QUOI L’AUTO-MEDICATION ?  

Définition : l’automédication est l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’AMM, avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens.

L’automédication : initiative du consommateur, à l’exclusion de la médication officinale qui est une proposition du pharmacien. Le problème de la proposition et de la dispensation par le pharmacien est bien défini par le secteur médical.

Objectif : bien que prise sans prescription médicale, l’automédication doit permettre la prise de médicaments adaptés à l’utilisateur, avec une information suffisante et pertinente de la part du fabricant et du distributeur, afin d’assurer la plus grande sécurité d’utilisation, la plus grande efficacité des soins et le meilleur service rendu aux patients au prix du moindre risque consécutif d’accident.

Un mot ambigu

« Auto », donc pour soi. Or bien souvent l’automédication s’applique aux autres que nous-même : nos enfants, notre conjoint, notre entourage. Ce que l’on conçoit comme médication pour soi ne l’est pas pour les autres, car ce qu’on sait de soi de façon intime, on ne le sait pas forcément pour l’autre qui n’est pas soi. Le geste de l’automédication est un acte volontaire, individuel et responsable. Seule exception, les enfants, car les parents en ont la charge et doivent se substituer à eux. Mais ce faisant ils prennent un risque. L’automédication pour les enfants comporte donc plus de risque que pour soi. Il faut le savoir.

« Médication » suppose médicament. Or bien souvent, on peut se soigner avec des moyens simples ne comportant aucun médicament, même pour des pathologies urgentes ou semblant l’être. Par exemple, une laryngite striduleuse chez un enfant peut être soulagée par de la vapeur d’eau pendant 20 mn ; on peut enrayer certaines crises de tachycardie en buvant « cul sec » un verre d’eau glacée ; les crises de spasmophilie peuvent être soulagée en respirant son propre air dans un sac en plastic.

 

L’automédication est destinée à se soigner par ses propres moyens, en l’absence de tout médecin ou conseil médical. Mais que veut dire se soigner ? Au plan sémantique, il est intéressant de s’attarder un peu sur les mots :

Si l’on soigne ce dont on se plaint (un mal de tête, des selles fréquentes et liquides, une envie de vomir, etc.), on reste dans le strict domaine de l’automédication, puisque qu’on soigne la plainte, laquelle est en amont du symptôme.

Si l’on soigne le symptôme, on reste dans le domaine de l’automédication, mais on fait un pas vers la « médicalisation de la plainte » (on soigne une céphalée, une diarrhée, des nausées, etc.).

Et si l’on soigne la cause dont on pense être à l’origine de ces symptômes, on passe dans le domaine de l’autodiagnostic (on soigne ce que l’on pense être une migraine, une gastroentérite ou une indigestion. Ce faisant on s’est substitué au médecin, et en tombant dans le piège des mots, le patient aboutit bien souvent à des erreurs que le médecin lui reprochera par la suite.  C’est à cause de cette confusion dans les esprits entre autodiagnostics et automédication que bien des médecins sont encore hostiles à cette pratique.

Il reste toutefois à ce jour un débat entre les opposants et les tenants de l’automédication, qui est dû essentiellement à la définition imprécise qui en est faite et que je vais préciser.

-*Pourquoi s’auto-médique t-on ?

-Ca coûte moins cher que le médecin

-On ne dérange pas le médecin pour de la « bobologie »

-On n’a pas de médecin

-On n’a pas le temps d’aller voir le médecin

-*Comment s’automédique t-on ?

-Armoire à pharmacie familiale

-Internet

-Conseils de l’entourage

-Médicaments de médication familiale (OTC) chez le pharmacien

-Anciennes ordonnances

Pour conclure, on doit reconnaître que l’automédication est visiblement un terme consacré et populaire, mais qui porte en lui le germe d’une méprise, de multiples risques pour la santé des personnes.